PABLO PICASSO 1881-1973
Pomme et Verre, 1923
Huile et sable sur toile d'origine
22,5 x 28 cm
37 x 42,5 cm (avec cadre)
37 x 42,5 cm (avec cadre)
Signé et daté en bas à droite : Picasso ; 23
Pablo Picasso est un artiste cubiste et est exposé à la galerie HELENE BAILLY MARCILHAC. « Picasso occupait une place importante dans notre famille. Ma grand-mère possédait déjà une gravure...
Pablo Picasso est un artiste cubiste et est exposé à la galerie HELENE BAILLY MARCILHAC.
« Picasso occupait une place importante dans notre famille. Ma grand-mère possédait déjà une gravure de Picasso. Pendant les vacances, notre père lisait des livres sur Picasso. Cette nature morte, qu’il a acquise en 1995, lui était particulièrement chère. »
(Elisa Klapheck, fille de Konrad Klapheck).
En 1923, bien que Pablo Picasso se soit éloigné du cubisme classique, Pomme et Verre témoigne encore de l’influence profonde de ce style révolutionnaire. En tant que figure majeure du mouvement, Picasso, aux côtés de Juan Gris, avait redéfini la représentation de la réalité en rompant avec les conventions artistiques traditionnelles. Dès Les Demoiselles d’Avignon (1907), il abandonne les règles de la perspective héritées de la Renaissance, fragmentant les figures en formes géométriques. Inspiré par l’art archaïque, la sculpture africaine et les principes de composition de Paul Cézanne, il simplifie les volumes en cylindre, sphère ou cône, avant d’entamer, dans le cubisme analytique, une déconstruction systématique des formes fermées. Ce processus aboutit à une fragmentation du volume en facettes multiples, créant une dynamique visuelle qui échappe à la perspective classique. À partir de cette base, Picasso, avec Georges Braque et Juan Gris, pousse plus loin sa réflexion dans le cubisme synthétique. Les formes éclatées deviennent des fragments autonomes, arrangés librement dans l’espace pictural. Dans les collages, ces fragments s’enrichissent de textures réelles grâce à l’intégration de matériaux comme le papier, le carton ou encore le sable. Cette démarche confère à chaque élément une matérialité propre, remettant en question la distinction conventionnelle entre figure et fond. L’œuvre ne se limite plus à représenter une réalité, mais devient elle-même un objet matériel et concret.
Dans Pomme et verre, Picasso explore cette approche de manière magistrale. La composition n’obéit ni aux lois de la perspective ni à un modelé pictural traditionnel. Les éléments visuels – une pomme et un verre se présentent comme des champs de couleurs juxtaposés. Les frontières entre premier plan et arrière-plan s’estompent, tandis que les objets se confondent avec la surface plane. Par exemple, les formes grises de la du verre, texturées par des grains de sable, émergent subtilement du brun de la table ou du bleu diffus de l’arrière-plan. Sur cette base, la pomme et le verre semblent presque collés, leurs formes simplifiées définies par des lignes noires nettes sur des aplats de couleur rouge, verte ou blanche. Ce traitement minimaliste les transforme en esquisses abstraites, floutant la distinction entre un objet réel et sa représentation.
Cette ambiguïté est au cœur de l’œuvre. Le verre, par exemple, est-il réellement un verre ou simplement une idée suggérée par des contours. Ce jeu visuel ouvre une réflexion sur la nature même de l’image. À travers cette réduction ludique et maîtrisée, Picasso démontre que la réalité d’un tableau ne se confond pas avec celle des objets qu’il représente, mais devient une évocation poétique et ambiguë. Pomme et verre illustre également la créativité qui caractérise les années 1920 pour Picasso. L’artiste s’amuse avec les couleurs, les formes et les textures, repoussant les limites de la peinture tout en insufflant une vitalité nouvelle à ses compositions. Loin de la complexité analytique, il explore un équilibre subtil entre rigueur géométrique et liberté d’expression. La juxtaposition de plans et de motifs rappelle l’esprit des collages sans en reproduire directement la technique. Avec cette œuvre, Picasso célèbre la simplification formelle tout en enrichissant sa palette visuelle. Pomme et verre dépasse les conventions de l’art figuratif pour devenir une réflexion sur l’essence des objets et leur présence dans l’espace pictural.
« Picasso occupait une place importante dans notre famille. Ma grand-mère possédait déjà une gravure de Picasso. Pendant les vacances, notre père lisait des livres sur Picasso. Cette nature morte, qu’il a acquise en 1995, lui était particulièrement chère. »
(Elisa Klapheck, fille de Konrad Klapheck).
En 1923, bien que Pablo Picasso se soit éloigné du cubisme classique, Pomme et Verre témoigne encore de l’influence profonde de ce style révolutionnaire. En tant que figure majeure du mouvement, Picasso, aux côtés de Juan Gris, avait redéfini la représentation de la réalité en rompant avec les conventions artistiques traditionnelles. Dès Les Demoiselles d’Avignon (1907), il abandonne les règles de la perspective héritées de la Renaissance, fragmentant les figures en formes géométriques. Inspiré par l’art archaïque, la sculpture africaine et les principes de composition de Paul Cézanne, il simplifie les volumes en cylindre, sphère ou cône, avant d’entamer, dans le cubisme analytique, une déconstruction systématique des formes fermées. Ce processus aboutit à une fragmentation du volume en facettes multiples, créant une dynamique visuelle qui échappe à la perspective classique. À partir de cette base, Picasso, avec Georges Braque et Juan Gris, pousse plus loin sa réflexion dans le cubisme synthétique. Les formes éclatées deviennent des fragments autonomes, arrangés librement dans l’espace pictural. Dans les collages, ces fragments s’enrichissent de textures réelles grâce à l’intégration de matériaux comme le papier, le carton ou encore le sable. Cette démarche confère à chaque élément une matérialité propre, remettant en question la distinction conventionnelle entre figure et fond. L’œuvre ne se limite plus à représenter une réalité, mais devient elle-même un objet matériel et concret.
Dans Pomme et verre, Picasso explore cette approche de manière magistrale. La composition n’obéit ni aux lois de la perspective ni à un modelé pictural traditionnel. Les éléments visuels – une pomme et un verre se présentent comme des champs de couleurs juxtaposés. Les frontières entre premier plan et arrière-plan s’estompent, tandis que les objets se confondent avec la surface plane. Par exemple, les formes grises de la du verre, texturées par des grains de sable, émergent subtilement du brun de la table ou du bleu diffus de l’arrière-plan. Sur cette base, la pomme et le verre semblent presque collés, leurs formes simplifiées définies par des lignes noires nettes sur des aplats de couleur rouge, verte ou blanche. Ce traitement minimaliste les transforme en esquisses abstraites, floutant la distinction entre un objet réel et sa représentation.
Cette ambiguïté est au cœur de l’œuvre. Le verre, par exemple, est-il réellement un verre ou simplement une idée suggérée par des contours. Ce jeu visuel ouvre une réflexion sur la nature même de l’image. À travers cette réduction ludique et maîtrisée, Picasso démontre que la réalité d’un tableau ne se confond pas avec celle des objets qu’il représente, mais devient une évocation poétique et ambiguë. Pomme et verre illustre également la créativité qui caractérise les années 1920 pour Picasso. L’artiste s’amuse avec les couleurs, les formes et les textures, repoussant les limites de la peinture tout en insufflant une vitalité nouvelle à ses compositions. Loin de la complexité analytique, il explore un équilibre subtil entre rigueur géométrique et liberté d’expression. La juxtaposition de plans et de motifs rappelle l’esprit des collages sans en reproduire directement la technique. Avec cette œuvre, Picasso célèbre la simplification formelle tout en enrichissant sa palette visuelle. Pomme et verre dépasse les conventions de l’art figuratif pour devenir une réflexion sur l’essence des objets et leur présence dans l’espace pictural.
Provenance
Paul Rosenberg, Paris.Jacques Helft, Paris, New York et Buenos Aires.
Collection Konrad Klapheck Düsseldorf.
Vente Van Ham, novembre 2024.
Catalogues
Zervos, Christian, Pablo Picasso - Vol. 5, Œuvres de 1923 à 1925, Paris 1952, illustré sous le n° 68.The Picasso Project, Neoclassicism II, 1922 - 1925, Alan WOFSY Fine Art, 1996, illustré sous le n°23-057, p.128.