-
Œuvres
CAMILLE PISSARRO 1830-1903
Gardeuse d’Oies AllongéeGouache et aquarelle23,5 x 30 cm
49 x 55 cm (avec cadre)Cette œuvre sera incluse dans le prochain Catalogue Raisonné Digital de Camille Pissarro, actuellement en préparation sous le parrainage du Wildenstein Plattner Institute, Inc. Avis d'inclusion en date du 5 mai 2025.Signé en bas à gauche : Camille PissarroŒuvre lumineuse et sensible, La Gardeuse d’oies allongée est une parfaite illustration de l’art de Camille Pissarro, figure centrale du mouvement impressionniste. Considéré comme le père de l’impressionnisme, Pissarro fut...Œuvre lumineuse et sensible, La Gardeuse d’oies allongée est une parfaite illustration de l’art de Camille Pissarro, figure centrale du mouvement impressionniste. Considéré comme le père de l’impressionnisme, Pissarro fut non seulement un pionnier du style, mais également un guide et un soutien pour de nombreux artistes majeurs de son temps, parmi lesquels Monet, Cézanne, Gauguin ou encore Renoir. Son œuvre se caractérise par une profonde humanité, une attention constante au monde rural, et une quête picturale centrée sur la lumière, la simplicité et la vérité.
Dans cette scène paisible l’artiste représente une jeune gardeuse d’oies, allongée dans l’herbe, les bras croisés derrière la tête, abandonnée à un moment de repos au cœur d’une prairie baignée de soleil. À l’arrière-plan, les oies picorent tranquillement à l’orée d’un petit bosquet. La lumière traverse la composition avec douceur, se posant délicatement sur les feuillages, la clairière et les formes étendues dans l’herbe. Le paysage est traité avec cette touche libre, vibrante et lumineuse qui caractérise l'impressionnisme, et à laquelle Pissarro a su conférer une rare harmonie.
Ce motif de la gardeuse d’oies revient à plusieurs reprises dans l’œuvre de Pissarro. Il reflète son profond attachement au monde paysan, qu’il n’a jamais cherché à représenter de manière anecdotique ou idéalisée. Bien au contraire, l’artiste restitue la vie rurale avec vérité, simplicité et dignité. Ses figures féminines, souvent jeunes, apparaissent immergées dans leur environnement, comme ici, fondues dans le rythme tranquille de la prairie. Loin de toute posture théâtrale, elles témoignent d’un lien organique entre l’humain et la nature. Lorsque Pissarro réalise cette gouache, il est un artiste confirmé, enfin reconnu par la critique après de longues années d’indifférence.
C’est seulement à la fin des années 1870 que son travail commence à être salué. Grâce à cette reconnaissance tardive et à une meilleure stabilité financière, il peut acquérir en 1884 une maison à Éragny-sur-Epte, où il s’installe définitivement. Ce nouveau cadre de vie, rural et paisible, devient un terrain d’exploration inépuisable, offrant à l’artiste une proximité quotidienne avec ses sujets de prédilection.
Bien qu’il demeure profondément impressionniste dans sa démarche, Pissarro s’intéresse également à de nouvelles expérimentations plastiques. Vers la fin des années 1880, il observe de près les recherches de la jeune génération — en particulier les travaux de Georges Seurat et Paul Signac — et s’ouvre brièvement à l’approche pointilliste. Cette influence, visible dans notre œuvre, reste cependant intégrée à son langage personnel : chez Pissarro, la lumière ne se fragmente jamais au détriment de l’émotion, et la rigueur de la touche ne sacrifie jamais la liberté du geste. Son style, profondément singulier, repose sur trois piliers qu’il revendique tout au long de sa vie : unité, harmonie et liberté. Ces valeurs se manifestent pleinement dans La Gardeuse d’oies allongée, œuvre de petit format mais d’une grande intensité poétique. La composition, d’une clarté exemplaire, guide le regard depuis le premier plan jusqu’à la lisière du bois, dans un mouvement doux et continu. Les couleurs, appliquées par touches nerveuses et lumineuses, traduisent la chaleur de l’air, la douceur de l’ombre, le murmure de la lumière.
Cette gouache, à la fois intime et maîtrisée, occupe une place essentielle dans le corpus de Pissarro. Elle incarne l’un des sommets de sa recherche artistique : peindre la vie telle qu’elle est, dans sa beauté simple, loin du spectaculaire ou du maniérisme. En cela, La Gardeuse d’oies allongée est bien plus qu’une scène champêtre : c’est une œuvre phare, où se rejoignent la vision d’un peintre profondément humaniste et l’héritage vivant de l’impressionnisme.Provenance
Henri Mueller, Vienne.
Sotheby's Londres, 6 février 2001, lot no 102.
Galerie Hopkins, Custot, Paris.
Collection privée, Genève.
Newsletter
* denotes required fields
We will process the personal data you have supplied to communicate with you in accordance with our Privacy Policy. You can unsubscribe or change your preferences at any time by clicking the link in our emails.