PABLO PICASSO 1881-1973
Femme Agenouillée Se Coiffant, 1906
Bronze à patine nuancée
Hauteur : 40 cm
Certificate of authenticity issued by Mrs. Paloma Ruiz-Picasso and Mrs. Diana Widmaier-Ruiz-Picasso, dated October 7th, 2024.
Numéroté : 1/10
Porte le cachet du fondeur : C. Valsuani Cire Perdue
Porte le cachet du fondeur : C. Valsuani Cire Perdue
En 1906, Pablo Picasso a conçu la sculpture « Fernande se coiffant », modelée en céramique dans l’atelier de son compatriote Paco Durrio. Quatre ans plus tard, Ambroise Vollard obtient...
En 1906, Pablo Picasso a conçu la sculpture « Fernande se coiffant », modelée en céramique dans l’atelier de son compatriote Paco Durrio. Quatre ans plus tard, Ambroise Vollard obtient d’en faire une première édition en bronze, de cinq exemplaires signés. Quant à l’original, Picasso l’offre au collectionneur Raoul Pellequer, frère de Max Pellequer en 1968, ce dernier, avec l’accord de Picasso, commande à la fonderie Valsuani dix tirages supplémentaires, non signés mais numérotés. Aujourd’hui, quatre de ces derniers sont répertoriés : Notre modèle le 1/10 provenant de la collection Pellequer, le 2/10 conservé au Berggruen Museum de Berlin, le 5/10 à la NY Carlsberg Glyptotek, à Copenhague, le 6/10 à la Kunsthalle de Hambourg et le 9/10, au musée Picasso de Paris. Contrairement à la plupart des œuvres de jeunesse de Picasso, cette sculpture est travaillée sous un seul angle. La partie qui forme la base socle de la sculpture est volontairement schématisée. Les orteils du pieds gauche ne sont que légèrement ébauchés, le pied droit n’est pas visualisé. Dans l’ensemble la partie gauche de la sculpture est plus sommaire que la partie droite mais il ne s’agit pas la contourner, le dos de la femme restant d’ailleurs ouvert. Cet angle de vue est légitimé par le fait qu’il est le seul qui permette la lecture du thème, celui d’une femme qui se peigne.
De retour à Paris à l’automne 1906, après un séjour à Gósol en Espagne, Pablo Picasso s’intéresse au motif de la femme se coiffant, sujet de prédilection des artistes depuis toujours. De nombreux tableaux et dessins réalisés au cours de cette année où le modèle est représenté debout, assis ou à genoux attestent de l’intense recherche de Picasso sur ce motif. Intitulées « Femme se coiffant » ou « Fernande se coiffant », plusieurs études directes pour ce bronze ont été faites par Picasso montrant un parallèle évident avec les formes oniriques symbolistes dans la manière de mêler les bras levés et les cheveux.
L’influence des sculptures de Gauguin est évidente pour Fernande se coiffant, d’autant plus que Picasso a pu voir une grande rétrospective de son œuvre sculptée au Salon d’Automne de 1906 dans laquelle figurait le fameux Oviri réalisé en 1894 et aujourd’hui conservé au Musée d’Orsay. Si William Rubin dans son ouvrage de référence "Primitivism in 20th century art" en 1984 perçoit dans cette œuvre des formes classiques plutôt que des traits archaïques, l'historien Werner Spies confirme quant à lui, un lien évident de Picasso avec la sculpture de Paul Gauguin. Picasso est également séduit par la force expressive et le primitivisme de l’art ibérique antique lors d’une exposition d’objets provenant des fouilles archéologiques D’Osuna et de Cerro de los Santos, au musée du Louvre durant l’hiver 1905 – 1906. Ici, il emprunte autant à la sculpture ibérique et catalane romane qu’à la sculpture océanique découverte par Gauguin, et à la morphologie, la géométrie, apprises de Cézanne.
La femme eu toujours une place prépondérante dans la vie et la carrière de l’artiste. Les compagnes de Picasso ont toujours été ses principales sources d’inspirations. Le visage de la jeune femme évoque Fernande Olivier, compagne et muse de Picasso de 1904 à 1912. Elle eut une importance considérable dans l’œuvre de l’artiste. La fusion entre Fernande Olivier et Pablo Picasso est particulièrement palpable dans les œuvres créées au cours des huit années qu’ils partagent du mois d’aout 1904 au 18 mai 1912. Fernand joue un rôle clef dans ses représentations et l’évolution de son style : de la fin de la période bleue jusqu’à l’invention du cubisme.
Ces expérimentations autour de son visage et de son corps imprègnent les œuvres de Picasso. Installée avec le peintre en 1904, elle l’accompagne à Gosol un village des Pyrénées catalanes, durant l’été 1906. Ce séjour fut le déclencheur de la période cubiste à venir, la présence de Fernande jouant un rôle central dans le traitement du portrait et du corps de la femme.
A Gosol, Picasso transforme le corps de Fernande en un modèle féminin archétypal, marquant ainsi le début d'un processus continu que Picasso exploite dans ses travaux ultérieurs. En jouant avec la distorsion, il lui attribue un corps robuste évoquant les sculptures primitives, tout en conservant une pose classique qui évoque une femme faisant sa toilette Fernande est légèrement représentée de profil, remontant ses cheveux dans une coiffure haute, avec quelques mèches retombant sur sa nuque en une longue cascade. Ses yeux en forme d'amande et son nez anguleux participent également à cette représentation. Sdes caractéristiques physiques sont parfaitement illustrées dans notre bronze « Fernande se coiffant ». Le visage schématisé annonce cependant déjà le cubisme. Le sujet de Fernande se coiffant devient désormais d'une importance centrale dans l'œuvre de Picasso. L'artiste abandonne définitivement toute interprétation psychologique, signalant ainsi le début du passage de sa période Bleue à sa période Rose. Durant cette période, caractérisée par des tons plus légers, l'isolement et la description concrète du sentiment d'exclusion s'effacent progressivement. Picasso se désintéresse désormais de toute corrélation avec la société et privilégie les représentations de groupes et de scènes familières, avec une préférence pour des sujets dépourvus de toute dimension psychologique, de sentiment d'abandon ou d'exclusion sociale. "La femme se coiffant" illustre ce rejet de toute narration littéraire. Ce motif met en avant un geste naturel, dénué de toute motivation psychologique, qui se suffit à lui-même.
De retour à Paris à l’automne 1906, après un séjour à Gósol en Espagne, Pablo Picasso s’intéresse au motif de la femme se coiffant, sujet de prédilection des artistes depuis toujours. De nombreux tableaux et dessins réalisés au cours de cette année où le modèle est représenté debout, assis ou à genoux attestent de l’intense recherche de Picasso sur ce motif. Intitulées « Femme se coiffant » ou « Fernande se coiffant », plusieurs études directes pour ce bronze ont été faites par Picasso montrant un parallèle évident avec les formes oniriques symbolistes dans la manière de mêler les bras levés et les cheveux.
L’influence des sculptures de Gauguin est évidente pour Fernande se coiffant, d’autant plus que Picasso a pu voir une grande rétrospective de son œuvre sculptée au Salon d’Automne de 1906 dans laquelle figurait le fameux Oviri réalisé en 1894 et aujourd’hui conservé au Musée d’Orsay. Si William Rubin dans son ouvrage de référence "Primitivism in 20th century art" en 1984 perçoit dans cette œuvre des formes classiques plutôt que des traits archaïques, l'historien Werner Spies confirme quant à lui, un lien évident de Picasso avec la sculpture de Paul Gauguin. Picasso est également séduit par la force expressive et le primitivisme de l’art ibérique antique lors d’une exposition d’objets provenant des fouilles archéologiques D’Osuna et de Cerro de los Santos, au musée du Louvre durant l’hiver 1905 – 1906. Ici, il emprunte autant à la sculpture ibérique et catalane romane qu’à la sculpture océanique découverte par Gauguin, et à la morphologie, la géométrie, apprises de Cézanne.
La femme eu toujours une place prépondérante dans la vie et la carrière de l’artiste. Les compagnes de Picasso ont toujours été ses principales sources d’inspirations. Le visage de la jeune femme évoque Fernande Olivier, compagne et muse de Picasso de 1904 à 1912. Elle eut une importance considérable dans l’œuvre de l’artiste. La fusion entre Fernande Olivier et Pablo Picasso est particulièrement palpable dans les œuvres créées au cours des huit années qu’ils partagent du mois d’aout 1904 au 18 mai 1912. Fernand joue un rôle clef dans ses représentations et l’évolution de son style : de la fin de la période bleue jusqu’à l’invention du cubisme.
Ces expérimentations autour de son visage et de son corps imprègnent les œuvres de Picasso. Installée avec le peintre en 1904, elle l’accompagne à Gosol un village des Pyrénées catalanes, durant l’été 1906. Ce séjour fut le déclencheur de la période cubiste à venir, la présence de Fernande jouant un rôle central dans le traitement du portrait et du corps de la femme.
A Gosol, Picasso transforme le corps de Fernande en un modèle féminin archétypal, marquant ainsi le début d'un processus continu que Picasso exploite dans ses travaux ultérieurs. En jouant avec la distorsion, il lui attribue un corps robuste évoquant les sculptures primitives, tout en conservant une pose classique qui évoque une femme faisant sa toilette Fernande est légèrement représentée de profil, remontant ses cheveux dans une coiffure haute, avec quelques mèches retombant sur sa nuque en une longue cascade. Ses yeux en forme d'amande et son nez anguleux participent également à cette représentation. Sdes caractéristiques physiques sont parfaitement illustrées dans notre bronze « Fernande se coiffant ». Le visage schématisé annonce cependant déjà le cubisme. Le sujet de Fernande se coiffant devient désormais d'une importance centrale dans l'œuvre de Picasso. L'artiste abandonne définitivement toute interprétation psychologique, signalant ainsi le début du passage de sa période Bleue à sa période Rose. Durant cette période, caractérisée par des tons plus légers, l'isolement et la description concrète du sentiment d'exclusion s'effacent progressivement. Picasso se désintéresse désormais de toute corrélation avec la société et privilégie les représentations de groupes et de scènes familières, avec une préférence pour des sujets dépourvus de toute dimension psychologique, de sentiment d'abandon ou d'exclusion sociale. "La femme se coiffant" illustre ce rejet de toute narration littéraire. Ce motif met en avant un geste naturel, dénué de toute motivation psychologique, qui se suffit à lui-même.
Provenance
Max Pellequer.Vente Piasa, février 2024.
Publications
A. Level, Picasso, Paris, 1928, p. 58, n° 55, autre modèle illustré.C. Zervos, Pablo Picasso, Paris, 1957, Vol. I, n° 329, autre modèle illustré, pl. 153 ; titré La Coiffure et daté 1905.
W. Spies, Sculpture by Picasso, with a catalogue of works, New York, 1971, p. 301, n° 7, autre modèle illustré, p. 37.
R. Penrose et J. Golding, éds., Picasso in Retrospect, New York, 1973, p. 277, n°199, autre modèle illustré en couleurs, p.123.
U.E. Johnson, Ambroise Vollard, Editeur, Prints, Books, Bronzes, New York, 1977, p.169, n° 229.
W. Spies, Picasso, Das plastische Werk, cat. exp., Berlin et Dusseldorf, 1983, p. 372, n°7, autre modèle illustré, p.27 et 326.
M.-L. Besnard-Bernadac, M. Richet et H. Seckel, Musée Picasso, Catalogue sommaire des Collections, Paris, 1985, p.151, n°277, autre modèle illustré, 9/10.
J. Palau i Fabre, Picasso, The Early Years 1881- 1907, Barcelone, 1985, p. 553, n°1364, autre modèle illustré, p.473; titré Kneeling woman plaiting her hair.
J. Richardson, A Life of Picasso, Londres, 1991, vol. I, p.460, autre modèle illustré; titré Fernande combing her hair.
C.- P. Warncke et I.F. Walther, Pablo Picasso, Cologne, 1991, vol. I, p.143, autre modèle illustré.
B. Léal, C. Piot et M.-L. Bernadac, The Ultimate Picasso, New York, 2000, p. 505, n°201, autre modèle illustré, p.98; titré Kneeling woman doing her hair.
W. Spies, Picasso, The Sculptures, Stuttgart, 2000, p. 394, n°7, autre modèle illustré, p. 33 et 346.
Picasso project, Paintings, Watercolors, Drawings and sculpture, The rose period 1905-1906, Paris holland and Gosol, autre modèle illustré sous le n°1906-521, p.319.
Fernande Olivier et Pablo Picasso, Dans l’intimité du bateau lavoir, Catalogue d'exposition, 2022, illustré p.79.
Heinz Berggruen, Un Marchand et sa collection, Picasso, Klee, Matisse, Giacometti, Chefs d'oeuvres du Musée Berggruen, autre modèle illustré p13.